En France, la situation est différente. Malgré une opinion publique favorable au développement de l'éolien, le pays accuse un grand retard par rapport à l'Allemagne. Le rapport de l'ambassade rapelle ainsi que la France se situe ainsi au dixième rang européen concernant la capacité éolienne installée (1.600MW) bien qu'elle représente le deuxième plus gros potentiel éolien d'Europe. Ainsi, l'éolien ne couvre actuellement que 0,2% de la production électrique nationale. Dans le cadre de l'application nationale de la directive européenne de 2001 sur la contribution des énergies renouvelables à la production électrique, la France s'est engagée à installer environ 11GW d'éoliennes d'ici 2010. Elle s'est dotée pour cela d'outils financiers et techniques pour développer la filière : tarif d'achat et zones de développement de l'éolien (ZDE) par exemple. Si la réalisation de cet objectif s'avère aujourd'hui très improbable, le marché français n'en reste pas moins très dynamique. Selon les statistiques de la Direction générale de l'énergie et des matières premières (DGEMP), 900 demandes de permis de construire, représentant une puissance de 5.177 MW était en cours en février 2007.
Malgré ces différences de positionnement, les deux pays coopèrent afin de profiter des expériences de chacun. L'ambassade rappelle ainsi qu'un bureau franco-allemand de coordination pour l'éolien a été mis en place en novembre 2006 afin de lever les freins au développement de l'éolien en Europe. Ces réflexions sont notamment axées sur la protection des tarifs d'achat de l'électricité éolienne contre l'augmentation des prix des matières premières. Depuis quelques années, la filière doit en effet faire face à la hausse des prix de l'acier, du cuivre et du béton. Le prix des composants des éoliennes a ainsi fortement augmenté depuis 2004. Alors que les tarifs français d'achat de l'électricité d'origine éolienne bénéficient d'une protection contre l'inflation, l'éolien allemand ne peut pas répercuté la hausse des prix sur les tarifs d'achat. À l'occasion d'une conférence sur ce thème organisé par le bureau, il est apparu que les tarifs d'achat au départ plus faibles en France, mais couplés à une indexation des prix, permettaient l'exploitation économique de parcs éoliens dans les années à venir contrairement à l'Allemagne. Dans le cadre de la révision de leur loi sur les énergies renouvelables, les Allemands ont donc étudié la possibilité de mettre en place un système similaire mais finalement ce ne sera pas le cas. Les acteurs des deux pays continuent donc à réfléchir ensemble à d'autres instruments pour protéger le développement de l'éolien contre la hausse des prix des matières premières.
Outre la protection des tarifs contre l'inflation, les deux pays coopèrent également au sujet des problèmes liés aux radars météo et militaires. En France, une distance minimale doit être respectée entre le lieu d'implantation des éoliennes et les stations radars pour éviter que les éoliennes ne perturbent la réception des signaux radioélectriques. En Allemagne, aucune restriction n'existe encore, mais cela pourrait apparaître prochainement.
Ainsi malgré un contexte de développement différent, les deux pays mutualisent leurs expériences. L'Allemagne cherche à soutenir le développement de sa filière industrielle et la France cherche à faciliter l'implantation d'éoliennes sur son territoire.
À l'heure où les 27 Etats membres se mettent d'accord pour se partager « l'objectif énergies renouvelables » qu'ils se sont fixé en mars 2007 à savoir 20% d'EnR d'ici à 2020 dans la consommation totale d'énergie, cette coopération est précieuse. Si la France adopte un objectif propre identique à celui de l'Europe, le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) estime qu'il faudra déployer un parc éolien d'une capacité de 25.000 MW d'ici 2020 contre 2.000 MW au mois de juin 2006.